Les briques sont vieillies au mur d’en face
Et leur âge rougit
Tant leur teint assagi
Sur le trop clair pastel du ciel s’efface
Vois la crasse des ans dans le ciel pur
Vois la forme désuète
A laquelle se prête
La fatigue orgueilleuse des vieux murs
Et soudain un rayon frappant le ciel
Eveille avec la brique
Les cris et la musique
D’un âge nommé industriel
— Il n’est pas très courtois, fût-ce en poème
De déranger les morts
— Eh bien, j’aurai ce tort
Et veux d’un vers rougir leur teint trop blême
Admirez l’illusion, la vanité
Du bonheur d’un moment
Figé en bâtiment
Instant jeté contre l’éternité
Le béton vieillira aux murs modernes
Et leur verre orgueilleux
Demain ne vaudra mieux
Que cet acier rouillé, ces briques ternes
Puisse un ciel un matin, re-susciter
L’éloge funéraire
Et rendre moins austère
Le souvenir de nos modernités
Le mur d'en face... c'est le lieu de tout les rêves ; un mur entrevu par la fenêtre, pendant les longues heures de cours.
Propices à la rêverie, ces murs d'en face ont laissés derrières eux de nombreux poèmes inachevés. Celui-ci, écrit le 17 octobre 2005
face à la face de droit de Malakoff a survécu aux interruptions des professeurs et des chargés de TD.
Ces vers transposent dans l'ordre du solide les variations sur l'éphémère que les poèmes sur la création et sur l'eau avait introduit
sous un autre angle. L'emphase volontairement grotesque retombe avant de susciter un dernier espoir.